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24 septembre 2006

LIVRE : Chantier de Richard Bachman (Stephen King) - 1981

get_imgPour ce petit retour en adolescence (je n'avais pas lu de King depuis 1987, pour le moins), j'ai choisi ce bouquin que ma désormais célèbre fournisseuse m'avait décrit comme "très psychologique, à la Jessie, loin des livres d'horreur (NDLR : dans tous les sens du terme) habituels"... Bon, soit...

C'est exact : Chantier est un livre psychologique. On y suit pendant presque 400 pages les tribulations d'un type qui perd son travail, sa maison et sa femme à cause de l'extension d'une autoroute qui traverse son quartier. Le gars le prend plutôt mal, achète un fusil à éléphants, prend des pillules d'ecsta, claque son fric n'importe comment, se lie avec un maffioso, et surtout se met à se parler à lui-même. "Jusqu'à l'Apocalypse final", nous promet le quatrième de couverture, on doit pas avoir lu la même traduction de la Bible.

L'ennui, avec Stephen King, c'est qu'il a trouvé une construction de plan sympa dès le début de sa carrière. Ca a cartonné, il est devenu le maître du monde, et il s'est dit : pourquoi s'emmerder à trouver autre chose ? Alors il a construit tous ses livres de la même manière : un premier chapitre "coup de poing" (quoique là, on a plutôt affaire à une petite tape) qui attrape le lecteur ; puis 375 pages de biographie des personnages (il y a toujours un enfant mort dans leurs passés, ou une guerre quelconque, enfin un traumatisme - là, c'est l'enfant mort), où la psychologie, donc, est censée éclairer le comportement du premier chapitre ; enfin 20 pages finales où tout explose, histoire qu'on sorte du bouquin avec l'impression qu'il s'est passé quelque chose. Tic tic tic, calculette, profits, merchandising, hop hop, emballé c'est pesé, au suivant. Chantier est donc le même livre que d'habitude, avec la même pauvre construction d'ordinateur, avec cette même misère d'écriture (augmentée encore par une horrible traduction au Livre de Poche), cette ignorance totale de ce qui fait un être humain, avec les mêmes marionnettes caricaturales qu'on voudrait nous faire passer pour des personnages, avec ces pauvres monologues intérieurs interminables et ridicules (de mémoire, le héros va même jusqu'à crier sans une ombre d'ironie : "Je ne suis personne, à part peut-être moi-même !", eheh). On ne croit pas une seule seconde à ce personnage, ni à ses comparses ; on sait 30 pages à l'avance non seulement ce qui va se passer, mais aussi comment King va l'écrire ; on s'ennuie désespérement en attendant le fameux final, minable et frustrant. C'est de la littérature jetable, qui cette fois n'a même pas la politesse de nous faire peur ou de nous surprendre dans son scénario.

J'aurais été King, j'aurais moi aussi pris un pseudo.

Commentaires
G
Ah, je crois que je suis définitivement allergique à King, Oggy. J'avais aimé à 14 ans Shining et Jessie, mais 20 ans plus tard, j'ai la mauvaise impression de romans écrit directement par un programme informatique d'assistance à l'écrivain... Les recettes sont éculées, le style horrible, le tout trop "fait". Sans moi.
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O
Il faut dire aussi que tu n'as pas pris le meilleur du King ! De Bachman il faut compulser impérativement "Marche ou crève". Du King, les recueils "Brume", "Danse macabre" et "Différentes saisons" sont excellents. En romans, je conseille "Ca", "Shining", "La ligne verte" et "Histoire de Lisey". En tout cas, bravo pour ce blog incroyablement fourni et enrichissant pour les amoureux de la Culture.
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