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31 août 2006

Les Ensorcelés (The Bad and the Beautiful) de Vincente Minnelli - 1952

18385818Je veux pas jouer au vieux con réactionnaire, mais je pose la question : qui, aujourd'hui, sait raconter une histoire comme savaient le faire les Minnelli, Walsh, Hawks ou Ford d'antan ?

The Bad and the Beautiful est une merveille, et je ne vois pas quoi en dire de plus, tant la perfection se passe de commentaire. Il y a là-dedans un humour, une sensibilité, une attention à chaque détail, qui est la marque de seulement quelques génies par siècle. Minnelli décrit le monde du cinéma avec une émotion de chaque instant, avec affection, nostalgie, romantisme. Sa mise en scène est prodigieusement puissante, avec une caméra virevoltante qui connaît toujours les distances, avec 1000 idées par plan (la scène d'hystérie de Lana Turner dans sa voiture est un sommet), avec une ampleur de sujet, de scénario, une virtuosité inégalées. On sent le metteur en scène des grandes comédies musicales, en même temps qu'un critique acerbe des moeurs, en même temps qu'un cinéphile endurci, en même temps qu'un modeste artisan, en même temps qu'un génie des grands espaces, en mêmelecture temps qu'un brillant dialoguiste, en même temps qu'un directeur d'acteurs obnubilé par les détails, en même temps qu'un tragédien sensible, en même temps qu'un amoureux... La variété de ton du film est proprement incroyable : on passe de l'intimité (un disque qui retranscrit la voix émouvante d'un vieil acteur) à l'épopée (les scènes de tournage à la grue, qui rappellent De Mille), de la romance (la sublime histoire d'amour avec Lana Turner, tragique, poignante) à la comédie (Douglas est drôle et léger à mort), du cynisme (le plus grand personnage de Minnelli : le scénariste distant, mais amoureux de sa godiche de femme) à l'émotion de petit garçon (la vision d'Hollywood et de la magie du 7ème art)... Si Scorsese avait bien regardé ce film, il aurait honte de son piètre Aviator, je vous le dis.

Je revois ce film tous les ans. Oui, je sais, ce n'est pas assez.

Commentaires
F
Vu il y a très peu, j'en suis encore sous shock. La liberté d'approche est totale: Minnelli regarde sans pitié, c'est-à-dire, avec vrai et rare amour. <br /> Incroyable la forme que peuvent adopter certains films de cette époque-là: ce parcours en trois mouvements -flashbacks- faisant le portrait d'un producteur gravitant les échelons d'une industrie; l'absence de ce même producteur du temps présent du film, alors qu'il en est bien le protagoniste; l'épure du regard, toute une industrie réduite aux destins d'une interprète, d'un scénariste et d'un réalisateur; les divers tons (regards) avec lesquels Minelli aborde chaque parcours; la fluidité -presque légèreté- d'un film si complexe, d'un regard si profond; la maîtrise du langage cinématogpraphique, la justesse de chaque plan, de chaque mouvement de caméra, de chaque durée.<br /> Il y a des moments prodigieux: le producteur (Douglas) payant la figuration venue pour l'enterrement de son père; cette femme dont on ne verra que les jambes, caché dans le toit de la maison abandonné; la malencontreuse visite que fait l'actrice (Turner) au producteur le jour de la première; l'accident de voiture, filmé -comme vous dites- de manière inouïe; le noir avec lequel on cachera les hommes-chats tout en évoquant la nuit et l'obscurité, sources de l'imagination; la variation du jeu suggéré par le producteur à l'actrice -et qui ne nous sera pas révélé- rendant beaucoup plus sensuelle la séquence de la rencontre; ce gag génial du scénariste qui est interrompu à chaque fois qu'il veut se mettre au travail; etc.. on en finirait pas !<br /> Je reste très impressionné par la qualité des scénarios hollywoodiens des années 50: Sunset Boulevard et Témoin à Charge (Wilder), Singin' in the Rain (Donnen), Rear Window et Vertigo (Hitchcock), Johnny Guitar (Ray), Paths of Glory (Kubrick), 12 Angry Men (Lumet)... l'imagination au pouvoir, vous conviendrez.
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