This Life of Mine (Wo zhe yibeizi) (1950) de Shi Hui

Annoncé comme "La vie d'un policier à Pékin" entre le début du siècle et l'après-guerre, je me suis dit que ce ne pourrait être qu'une bonne thérapie après mes petites altercations de ces derniers jours.

Adapté donc d'une nouvelle de Lao She, ce film retrace les multiples tracas d'un pov policier qui en obéissant toutes sa vie aux gens en place (ces "bureaucrates, propriétaires et hommes de pouvoirs" comme dirait Arlette) se rend compte qu'il a eu une vie de merde - il peut se rassurer, même après l'avénement des communistes cela changera guère, Shi Hui en fera les frais lui-même, condamné comme droitiste quelques années plus tard, il se suicidera.

Ouvrant sur le palais d'été et dénoncant ce gachis exhubérant pendant que d'autres crêvent la dalle, on se dit tout de suite que le Shi Hui prend le parti des gens de peu, on commence à avoir l'habitude, pourquoi pas. On apprend ainsi qu'un flic était payé 6 yuan (0.6 euro) par mois dans les années 20, qu'une bouteille de parfum du Japon coûtait 50 et qu'on pouvait vendre son bébé pour 30 yuan (mais c'était pas une affaire). Bref flic c'est un peu la misère et d'ailleurs on leur explique bien qu'ils sont pas là pour risquer leur vie et qu'en cas de mutinerie il vaut mieux se barrer. Le seul truc qu'on leur dit pour les former c'est "que les gros problèmes doivent devenir petits et que les petits problèmes doivent disparaître" (j'ai vu en live ce que cela donnait, c'est le même principe 50 ans plus tard, ils sont pas là non plus pour réfléchir). En dehors de ces infos de premières mains on s'ennuie quand même pas mal, entre deux enterrements et deux scènes déchirantes: une voisine perd son mari de maladie, le héros perd sa femme (une vraie épidémie de Sars...), les jeunes femmes sont enrôlées par ces tubards de Japonais pour l'effort de guerre (ils ont tous une petite moustache hitlérienne qui fait qu'on les repère de loin), le fils du héros s'engage contre les Japs (on le reverra jamais)... Notre vieux policier finit tout abimé dans une geôle après une série de tortures (MAIS IL EST OU TON FILS???!!!) qui ferait passer Kiefer Sutherland dans 24 heures pour Jean-Pierre Darroussin. C'est un peu longuet donc et on comprend bien que "chinois" c'est pas facile tous les jours. D'où cette pugnacité actuelle, ceci peut expliquer cela. Mais les flics savent toujours tout juste lire, c'est ça le problème.