Vivre libre (This Land is mine) de Jean Renoir - 1943

Je connais peu les films américains de Renoir, et étais assez avide de consommer ce film inconnu. Eh bien, je suis très déçu. Le seul intérêt ou presque de ce film de propagande, c'est de réunir un casting hitchcockien : Laughton, O'Hara et Sanders. Les trois sont d'ailleurs tout à fait crédibles, bien que distribués un peu "facilement" : Laughton en lâche au grand coeur, O'Hara en jeune fille fragile et courageuse, Sanders en salaud. Mais bon, ils sont très bien, et le grand Laughton, dans le dernier quart d'heure (un plan fixe sur lui et un discours à la Dictateur de Chaplin) réussit même à arracher sa petite larme, grâce à son débit très lent et à son jeu théâtral très fouillé (il est bien aidé par le sourire lumineux de la ch'tite O'Hara).

Pour le reste, on cherchera en vain la marque de Renoir dans ce mélodrame engagé. C'est un film entièrement construit sur son scénario, par ailleurs correct dans sa deuxième partie. La mise en scène, cheap et paresseuse, se contente du minimum syndical, et filme mollement celui qui parle, point barre. On sent le manque de moyens à chaque plan, ce qui est loin d'être un défaut, mais n'est pas transcendé par le cinéaste. Du coup, les décors de carton-pâte font carton-pâte, et on ne croit pas une seconde à ce Paris des années 40 reconstitué. Reste le courage du discours politique, et un ou deux détails de scénar qui sont très bien : la lente métamorphose de Laughton (de lâche à résistant) se suit grâce à ses progrès pour fumer une clope, pas mal ; la colombe de la paix qui sert de repas au méchant nazi, sympa...

Comptez sur moi pour continuer à aimer Renoir, malgré mes déceptions récentes.

Renoir est tout entier ici