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13 août 2006

May de Lucky McKee - 2002

18372071Voilà un petit film qui arrive de nulle part, un OVNI que je m'apprêtais à regarder de l'oeil morne du mec crevé du dimanche soir, et qui tient parfaitement la route. Les règles du film fantastique sont joyeusement foulées au pied, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait du bien.

May est donc un film très étrange, qui traite de la solitude, de la différence, de la recherche de l'amour parfait, aussi bien que du cannibalisme, du saphisme et du sado-masochisme. Autant de sujets éclectiques qui finissent par parler en creux du cinéma lui-même, dans toute sa complexité technique. Le personnage central, petite nana "freak", complètement barrée, et profondément émouvante, après moultes déconvenues que je ne décrirai point, tente de créer le compagnon parfait en prélevant sans vergogne des bouts de corps sur de pauvres innocents. Par la très belle subtilité de la mise en scène, jouant des hors-champs et des plans très crus avec beaucoup de finesse, on comprend que McKee veut en fait filmer un éloge du montage, une recherche du film parfait à travers ses gros plans. C'est très émouvant de regarder cette douce et cruelle tentative de déclaration d'amour au cinéma. Les scènes montées très serrées de May qui regarde passer les gens dans le parc, et en repère immédiatement, comme des photos, les parties les plus belles, sont touchantes d'intelligence sensible.

Si le film est impressionnant, c'est plus par cette intelligence scénaristique, en complet accord avec le18372092 filmage, que par la trame elle-même. Les personnages de May sont en fait peu crédibles, presque abstraits, mais qu'importe, puisque c'est justement le dispositif qui compte, pas la vérité psychologique. La façon qu'a McKee de nous emmener tout doucement vers l'abject, vers les arcanes les plus noires de nos pulsions, est proprement hallucinante. Les derniers plans, sobres, simples, sont des exemples de rythme et de mise en scène.

Comme quoi, il reste encore des terrains inexplorés dans le genre fantastique. Avis aux copieurs médiocres d'aujourd'hui.

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