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25 juillet 2006

La Divine (The Goddess / Shen nü) (1934) de Yonggang Wu

goddessPute au grand coeur, tapineuse la nuit, mère d'un enfant le jour, c'est le destin tragique de cette femme interprétée de façon magistrale par la très cinégénique Ling-Yu Ruan, méga star en Chine à son époque et qui se donnera la mort l'année suivante (25 ans, barbituriques, ben ouais). Elle passe son temps à porter des robes inthemoodforloviennes (en noir et blanc, c'est vous dire) et il n'est d'ailleurs pas si surpenant que Maggie Cheung lui rende hommage dans Center Stage de Stanley Kwan. Considéré comme l'un des grands films chinois des années 30, peut-être, allez soyons fou, le meilleur de 1934 (je vais vous en sortir un autre bientôt, j'aime autant vous prévenir tout de suite), ce destin d'une femme qui n'écoute que son courage est un baume.

En deux mots, l'intrigue, ok: prostituée, c'est pas toujours évident, mais avec un enfant c'est super hard - et quand en plus la police vous court après, c'est vraiment pas de bol; d'autant que dans sa fuite, elle se refugie chez un gros Chinois porcin - le même que celui qui est en train de détruire l'appart au dessus de chez moi, millimètre par millimètre à coup de marteau (cela explique pourquoi, je reviens au film muet, pas con) - qui ne va plus la lâcher d'une semelle et lui piquer son pognon. Pendant qu'il fume, elle tapine; il y a ce magnifique plan sur ses pieds rejoints par ceux d'un client, suivi d'un court travelling sur sa jupe qui s'entrouvre légèrement (pour moi, le sommet du film, esthétiquement... pour le reste c'est quand même relativement convenu, même si le montage est relativement dynamique et efficace comparé à des films très mous de la même époque). Le bébé grandit, et pour lui donner une chance de s'en sortir, elle l'inscrit à l'école grâce à l'argent qu'elle a malicieusement caché derrière une brique du mur - c'est la cachette LA plus évidente mais l'autre c'est vraiment un gros lourd, tout juste bon à faire du bruit, que ses ancêtres brûlent en enfer.  Le proviseur, Gérard Hernandez chinois, commence de recevoir des lettres de plaintes des parents, parce que vous comprenez un fils de p..., pendant que le gamin se fait traiter de bâtard dans la cour de récré: peut même pas jouer au foot, il a aucune chance de s'en sortir, en France on l'aura déjà expulsé, non mais. Gérard Hernandez fait son enquête et annonce à notre amie tapineuse que "bon, enfin bref,... oui ce serait mieux..." et sur une rivière de notes claydermanniennes celle-ci le supplie de garder son enfant, "prostituée, c'est pas animal non plus!" Gérard Hernandez, qui est au final un bon bougre - ouais il a fait l'Académie des Neuf et alors? -, n'entend que son courage et défend avec pugnacité devant les parents d'élèves le bien fondé de sa requête: pute, oui, mais un être humain avant tout, ben oui - je dis "courage", et on est en 1934, car aujourd'hui dans un certain centre culturel en Chine on censure les articles sur l'homosexualité, et oui les gars, on recule, on recule. Devant la mauvaise foi des parents, Michel Hernandez démissionne et c'est beau - on aimerait que d'autres joignent aussi les actes aux paroles mais je m'emballe (Shen nü, ça veut dire "chez nous", roh presque non?)

Ling-Yu est super écoeurée par l'attitude de l'Alliance Française et décide de se barrer ailleurs  mais ce groschina_goddess2_1_ enfoiré de porcin - mon voisin, j'en suis sûr maintenant -  lui a piqué sa thune, et elle se retrouve sur le trottoir, enfin disons plutôt sur le carreau. Son sang ne fait qu'un tour, elle s'avance dans la nuit shanghaïenne sur le Bund (mieux éclairé qu'aujourd'hui il me semble...) et décide de fracasser une bouteille sur le crâne du traître qui s'écroule comme King Kong; elle prend 12 ans de prison. Heureusement Gérard Hernandez demande au richissime Foucault une avance et décide d'adopter l'enfant pour l'éduquer - c'est une fiction, grave, mais bon ça fait chaud au coeur comme disait ma grand-mère. La tepu peut respirer dans sa cellule, elle sait que son fils est sauvé. Joli conte moral - qu'on se rassure en 2006, elle n'aurait pas les moyens d'inscrire son enfant à l'école. Mais, on peut dormir tranquille, on verra jamais le film.

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