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15 juillet 2006

LIVRE : Pasolini de René de Ceccatty - 2005

pasolini_couvDe temps en temps, refaire le point sur la vie de nos grands contemporains permet de constater qu'il y a eu de vrais rebelles en matière artistique. Pasolini en fut un, assurément, il suffit de voir Salo ou Théorème, ou de lire ses essais polémiques pour s'en souvenir. Ceccatty, avec une subjectivité merveilleuse (seule vraie façon d'écrire une enquête biographique), rend justice à cette rebellion pasolinienne, à ces brûlots que furent les oeuvres et la vie de PPP. Mais le livre est vraiment intéressant dans les passages où Ceccaty temporise, relativise : certes, Pasolini a toujours été en marge des codes, esthétiques, sexuels, poétiques, politiques, moraux. Mais, si l'on en croit ce livre, souvent malgré lui (dans le meilleur des cas) ou souvent par quasi-snobisme (dans le pire). Toute la fin de la vie de PPP, notamment, est un malentendu : à force de succès publics (dus à ses poèmes et à la Trilogie de la Vie), le gars se rend compte subitement qu'il devient populaire, à deux doigts d'être populiste, et s'enfonce dans la petite bourgeoisie qu'il a toujours haïe. Alors, il pond Salo, qui lui échappe en partie, par provocation plus que par conviction...

Le livre a ainsi le mérite de ne pas mettre Pasolini sur un piédestal, de faire la part des choses sur ses traits de génie (La Ricotta, les Ecrits corsaires) et sur ses facilités (Les Contes de Canterbury), sur ses vraies rebellions (Médée) et sur ses compromis (les articles politiques et littéraires). On y apprend de plus la vie intime d'un Pasolini perdu par ses attirances sexuelles (homo malgré lui, fou d'amour et en même temps considérant le sexe comme un élément de domination, aimé de la Callas ou de Mangano et jouant de cet amour avec délectation), dépassé par son succès qu'il ne peut que nier, animé d'une fascination extrême pour la crasse, les lieux et les situations sordides, hanté par une mère oedipienne et par un frère mort assassiné... et vivant comme peu d'hommes ont su l'être. Bon, à part ça, le style vaut ce qu'il vaut, peu importe. Il y a quand même de belles pensées là-dedans, émanant directement de Ceccatty. Comme par exemple, cette pensée (certes un peu longuette) : "Pasolini a la nostalgie de sa propre souffrance, sentiment paradoxal qui a toujours été un des moteurs essentiels de toute vie amoureuse et sexuelle et interdira toujours à un individu de se fonder sur sa propre expérience amoureuse et sexuelle pour légiférer sur celle des autres et même, à vrai dire, pour commenter, sous une autre forme qu'autobiographique ou poétique, la vie sexuelle de l'humanité."

Un homme émouvant, ce Pasolini, et, par la bande, un livre émouvant.

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