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Shangols
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6 juillet 2006

LIVRE : Les Pieds dans la boue d'Annie Proulx - 1999

2743607785.08.lzzzzzzzL'ombre du grand Jim Harrison plane toujours un peu sur ces livres contemporains qui prétendent raconter la vie rude des hommes aux confins des States. Comme il semble que nul ne peut égaler le génie du vieux borgne, on sent que chacun s'évertue à tracer une voie personnelle, tout en lui reconnaissant une soumission constante.

Ce bouquin n'échappe pas à la règle. Quand Annie Proulx parle d'alcool, d'indiens, ou de personnages déclassés dans l'Amérique profonde, Harrison arrive en masse à l'esprit, et elle perd au change. Quand elle essaye d'être plus perso, de trouver son chemin, ça marche assez souvent. Notamment dans les deux premières nouvelles du recueil. La première a donné Brokeback Mountain au ciné, et est fort bien menée : grande sensibilité dans les paysages et les portraits d'hommes incultes, belle attention pour les sentiments intérieurs en milieu hostile (c'est peut-être con mais j'ai pensé à Brontë, moi), et surtout un texte assez couillu, qui joue sur des sentiments différents du film. Proulx appuie plus sur les sentiments que sur l'ambiance générale, faisant de cette histoire un fragment d'intimité là où le film se laissait souvent gagner par le lyrisme. Cette nouvelle est poignante et très forte. Comme la seconde, "Les Pieds dans la Boue", qui décrit là aussi un déclafté obnubilé par le rodéo. Une histoire d'homme, mais surtout une histoire de gosse, très bien rythmée à l'intérieur même des phrases (respect à la traductrice).

Rythme qui se retrouve dans les 9 autres nouvelles. Si les structures générales des histoires de Proulx sont un peu branlantes (trop d'esbrouffe dans la construction, trop d'amour du contre-point et du coup de théâtre final : la littérature n'est pas une compétition), la phrase en elle-même est toujours très originale par sa construction. On dirait que Proulx bâtit tout ça, puis casse et reconstruit du point de vue du son (difficile à expliquer). En tout cas, les paysages du Texas en ressortent magnifiques, sans béatitude. Si plusieurs histoires sont assez ennuyeuses à cause du goût de la dame pour le fantastique et le terroir (berk), plusieurs autres sonnent très modernes, par le style (souvent cru), et par les sujets eux-mêmes (ici, les cow-boys ont l'ADSL).

Bref, pas mal. Voilà. Et je pars une semaine. Shang, je te laisse les clés.

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