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Shangols
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15 juin 2006

Loulou de Maurice Pialat - 1980

loulou1C'est drôle d'observer comment les films de Pialat s'incrustent les uns dans les autres. Il y a entre chaque film un lien, thématique, esthétique, sémantique. Ici, dans Loulou, on retrouve des acteurs de Passe ton bac d'abord ou de La Maison des Bois, ce qui est déjà un point intéressant, mais en plus, il y a ce subtil glissement de l'insouciance adolescente (Passe ton bac d'abord, même si ce dernier est loin d'être un film lumineux) à celle de l'âge adulte. Les films se répondent, se suivent comme des épisodes de 24. Les personnages de Loulou ne grandissent pas : Huppert, insensible et futile ; Depardieu, voyou en cuir, inculte et taquin ; Guy Marchand, en cocu qui n'assume pas, violent et puéril. Le titre du film est bien là d'ailleurs pour nous signaler qu'il ne s'agit pas ici de sentiments adultes, mais bien de gamineries. Ces gamineries, en l'occurence, débouchent sur une amertume insupportable : ben oui, c'est dur l'amour, passé trente ans (et c'est pas Shang qui me dira le contraire).

Poignant, ravageur, bouleversant, Loulou l'est au-delà de toute mesure. Les acteurs, sublimes (Depardieuloulou3 était immense il y a 25 ans, c'est ballot ; Marchand aurait pu être un énorme acteur, c'est ballot ; Huppert ne jouait pas, elle était, c'est ballot) font entrer dans leurs personnages une force humaine incroyable, et tout est juste de leurs gestes, de leurs dialogues. Pialat a compris ce que c'est qu'un amour, les enfants, et la mauvaise nouvelle, c'est que c'est pas rose-bonbon. Les plans s'étirent de plus en plus, deviennent de plus en plus durs : de la lumière de l'amour irréfléchi on glisse sournoisement à l'ennui amoureux, et c'est le coeur ravagé que l'on découvre les dernières minutes, glauques, graves, insoutenables. En même temps, Pialat serait un joyeux drille, ça se saurait. En tout cas, cette fois-ci, il bloque sa caméra au plus près, laisse filer les plans jusqu'au vide inter-sidéral, et putain ça marche vraiment bien.

Un film qu'on regarde mal à l'aise, en se dandinant sur son fauteuil, et en se disant : "L'enfoiré ! L'enfoiré !" toutes les deux minutes.

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