Broken Arrow de John Woo - 1996
Je vous raconte pas la poilade. Broken Arrow est un mélange entre Leni Riefenstahl et les épisodes de San Ku Kai. Musique tonitruante à chaque fois qu'un geste est fait (que ce soit une flinguade à 200 morts ou un personnage qui se gratte) ; 19000 explosions/minute, des bagnoles, des hélicos, des trains, des avions, Woo a un problème avec les moyens de transport ; mise en scène usant des zooms comme une arme ; scénario tout en finesse (y a le méchant il a une bombe atomique, qui va exploser dans deux minutes 26) qui tend à montrer que les intellos sont des tafioles et les militaires des surhommes (c'est tout ce que j'ai vu là-dedans, moi)... Avec un mauvais goût impeccable, le gars Woo prend tout ça très au sérieux, et sert un film très bruyant, sans aucun fond mais dans une forme qui ferait passer Lelouch pour Bresson. Les cigarettes tournent dans l'air avec un "wfoo-wfoo" de vautour fauve, Travolta est systématiquement filmé au ralenti même quand il refait ses lacets, les corps des héros sont déifiés comme un clip sur Zidane pour la Coupe du Monde, bref on est dans le dentelle du Puy-en- Velay la plus fine.
Et pourtant, qu'est-ce que je me suis marré... On a beau dire, derrière son goût relativement discutable, Woo sait filmer une scène d'action. Ici, il n'y a que ça (les dialogues doivent faire 3 lignes), et c'est très efficace, d'autant que chaque scène est filmée différemment, comme une expérimentation de formes. Woo utilise son espace et les objets avec génie, on voit bien là qu'il est resté un cinéaste asiatique. Chaque coup de poing amène une nouvelle possibilité dans l'espace, un mini-rebondissement au sein de la scène. C'est rapide sans être précipité, c'est ingénieux et très drôle. En bref, Broken Arrow est une quasi-daube ridicule, mais filmée de main de maître, et un grand divertissement pour dimanche soir. A partir du moment où on aime l'impureté et la série Z.