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4 juin 2006

LIVRE : Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski - 1880

dosto"Je dois déclarer au préalable qu'il m'est impossible de relater tous les faits dans leur ordre détaillé. Un tel exposé demanderait, je crois, un gros volume. Aussi, qu'on ne m'en veuille pas de me borner à ce qui m'a paru le plus frappant."

Heureusement que Fiodor s'est borné à ça, car sinon Les Frères Karamazov aurait été long, très long. Je dis ça parce que tel quel, Les Frères Karamazov est long, très long. Trop long. J'avoue avoir été souvent ennuyé par ces interminables détails, par ces reprécisions incessantes, par ces digressions qui constituent presque un roman en elles-mêmes. Dostoïevski a écrit maints pavés, mais si L'Idiot ou Crime et Chatiment sont passés pour moi comme une lettre à la poste, celui-ci m'a semblé un poil laborieux. D'autre part, je trouve que c'est celui de ses romans où on sent le plus son manque de talent stylistique. Je sais, c'est énorme, mais je maintiens : j'ai toujours pensé que Dostoïevski était un mauvais écrivain du point de vue de la construction de la phrase. C'est peut-être un défaut de traduction, me direz-vous (et c'est vrai que celle de la Pleïade est à deux doigts d'être illisible). mais je crois qu'intrinséquement, Fiodor se fout de la beauté du style, et est très maladroit quand il s'agit de l'esthétique pure.

Ceci dit, Les Frères Karamazov est un pur chef-d'oeuvre pour tout le reste. Jamais Dosto n'a atteint une telle perfection dans la vérité psychologique de ses personnages. Ce Dmitri Karamazov est d'une justesse effarante : attiré par la boue, il va aller jusqu'à s'enfoncer dans la déchéance la plus profonde pour trouver sa voie. C'est incroyablement fouillé, d'une humanité unique. Dosto a absolument tout compris des méandres humains, des complexités du cerveau. Ses personnages existent, tout simplement, avec une force et un élan inégalés. L'âme russe y est décrite magnifiquement, à travers ces trois frères qui sont des symboles de la société : Aliocha le mystique pur, Ivan le nihiliste moderne, Dmitri le romantique fiévreux. Le scénario du bouquin est absolument imparable, on sent à chaque page le poids insurmontable du destin, la force maléfique qui atire les personnages vers le bas, la difficulté de la vie, d'être noble, d'aimer, les dangers de l'âme. De ce côté-là, ce bouquin est immense. Tous les évènements, les faux coups de théâtre, prolongent un peu plus cette plongée dans les arcanes d'un caractère. C'est passionnant et génial.

Bref, c'est long, c'est assez mal écrit, mais c'est une oeuvre totalement immense que l'on se doit de relire, comme je le fais, tous les 10 ans environ.

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