Courts-Métrages 1959 d'Alfred Hitchcock
Banquo’s Chair est un tout petit film très malicieux, adorable comme tout. Hitch nous refait le coup du théâtre dans le théâtre d’Hamlet, et ça fonctionne très bien, malgré un scénario légèrement cousu de corde blanche. On sait exactement ce qui va se passer, et il n’éblouit personne avec son coup de théâtre final. Non, la qualité du film est plus dans la modestie totale de son dispositif (une table, quatre dîneurs, un recoin sombre) alliée à la maîtrise parfaite de l’espace, sans crânerie. La caméra est là où il faut, et « un peu plus ». Assez fascinant. Il y a aussi le jeu taquin des acteurs (sacré John Williams décidément), et cette idée absurde : l’un des personnages a le bras en écharpe, sans que ça ne serve absolument à rien ! C’est délicieux, tout simplement.
Les 3 premières minutes d’Arthur sont absolument étonnantes quand on connaît le style de Bouddha. Un homme s’adresse directement à la caméra, comme un des prologues de la Quatrième Dimension. Il raconte sa vie, en mangeant à sa table. Ce dispositif, à ma connaissance, est totalement absent du reste de l’œuvre de Hitch (mises à part ses propres apparitions au début et à la fin de chaque épisode), ce qui fait de ce film une curiosité. De plus, c’est le seul épisode où Hitch filme vraiment pour la télévision, où il utilise précisément la présence de son public dans le cercle domestique. A part ça, Arthur est joué un peu au rabais, et son scénar est tout sauf passionnant. Une histoire pas faite pour le maître, assurément.
Magnifique film par contre que The Crystal Trench, qui n’a pas grand-chose à faire dans la série des Hitchcock Presents puisqu’il s’agit beaucoup plus d’une romance à la Under Capricorn que d’une histoire de meurtre. La voix sépulcrale (et joliment mixée, si si) de James Donald, son jeu très subtil et sobre, donnent au film un ton désespéré du meilleur effet. Ce petit truc devient étrangement émouvant, d’autant que l’histoire est à l’avenant : une femme qui attend 40 ans pour retrouver son mari mort dans un glacier, c’est beau comme du Vertigo. Ajoutez à ça une poignante scène de dialogue devant la montagne, où Hitch retente ses plans sur la chevelure blonde de son héroïne en la montant avec le beau profil de son amoureux. Très joli rythme aussi, bref un film « alangui » et romantique qui nous rappelle que Bouddha est aussi un grand sensible.
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