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6 mai 2006

La Fureur de Vivre (Rebel without a Cause) de Nicholas Ray - 1955

18444946Que ça fait du bien de revoir un de ces vieux films psychologiques et mythiques, qu'on croyait connaître par coeur, et dont on se rend compte qu'on n'en avait gardé que l'enveloppe. Eh bien non, Rebel without a cause, ce n'est pas seulement la fameuse scène des bagnoles qui se jettent sur les bords d'une falaise, et ce n'est pas seulement James Dean et son blouson rouge. C'est un film très émouvant qui rappelle le bon temps où un père devait être un père et une mère une mère (ça a évolué, remercions-en le Seigneur). Dans une mise en scène complexe et qui brouille volontairement les pistes de l'identité et des sexes, Ray traite très subtilement des rapports de paternité et de confiance : qui aime qui ? Ca fait quoi de perdre un amour, un ami ? Et surtout, qui est le père de qui ?

Le papa de James (énorme Jim Backus) est un lâche, un homme qui n'arrive pas à en être un, un type qui18429324 met des tabliers à fleurs (ouah la honte!) et se laisse mener par sa femme (hou la tafiole !). Pendant tout le film, James lui demande, de sa voix cassée et malheureuse comme tout : "Donne-moi un conseil, sois mon père". Lui n'y arrive tout simplement pas. Alors la paternité change de camp : James devient le père du génial Sal Mineo et le mari de Natalie Wood. Et ça donne lieu à LA scène magnifique : dans une maison abandonnée, la cellule familiale se reconstitue, à part, mutante et étrange. Autour de cette brillante idée, les personnages sont obligés de se situer soit en tant que père (le flic), soit en tant que frère (le joli personnage de Buzz).

Les couleurs du film, la sombre atmosphère de tout ça (très beaux décors de planetarium, de paysages sauvages), la voix de Dean (des cris de révolte, des grommelements de perdu), tout contribue à l'émotion, qui joue en plein. Jusqu'à ce plan final où la caméra s'élève sur un tableau de désolation : un cadavre, une femme qui pleure, deux enfants qui s'éloignent, mais... un couple qui démarre.

18429320Alors bien sûr, ça a vieilli : le jeu de James Dean est un peu trop, quoi qu'on en dise, malgré l'indéniable photogénie du sieur. La vision du voyou a bien évolué elle aussi, et ce serait intéressant de montrer ça aux p'tits gars du 9-3 aujourd'hui ("c'quoi, c'bouffon ?"). On a également du mal à croire au caractère enfantin d'un James Dean déjà très adulte (le premier plan le montre en train de jouer avec un singe mécanique, et déjà on sourit). C'est parfois un peu appliqué, on sent que Ray a potassé son Freud avant de se mettre au taf. Mais c'est toute une époque du cinéma qui est convoquée ici, une époque d'intelligence et d'engagement dans la compréhension du monde. Un mythe totalement justifié.

C'était le 200ème message de ce blog, merci bonsoir.

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