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13 avril 2006

LIVRE : Vie amoureuse de Zeruya Shalev - 1997

9782070751075_1_Si cette histoire d’adultère a fait scandale dans son pays (Israël, certes), on reste quand même 14 divisions en-dessous d’Henry Miller.

La grande qualité de Shalev est d’avoir essayé de retranscrire une sorte de « stream of consciousness » mêlant pensée objective, donc, descriptions et dialogues dans une même phrase en maniant un style indirect libre d’assez bonne facture. La gageure étant dans ces cas-là de rester compréhensible et elle y parvient avec un certain brio. Voilà au hasard des pages ce que cela donne : « Que veux-tu boire, il avait le visage fermé, froidement aimable, on aurait dit qu’il m’en voulait, du café, répondis-je, ma femme ne va pas tarder, remarqua-t-il avec une politesse glacée, il vaudrait mieux quelque chose de plus rapide, là-dessus, il revint avec un verre de jus de pamplemousse que je bus lentement pour gagner du temps, avalant rageusement le liquide aigrelet, le sexe aurait dû nous rapprocher mais il semblait encore plus distant, Yonni me serrait toujours contre lui après l’amour, ici, il n’y avait pas une once de tendresse ». Là où le bât blesse, c’est d’une part, qu’on a vraiment du mal à comprendre les raisons qui lui font quitter son mari plein de tendresse et de gentillesse (pour autant qu’elle s’attarde sur lui) pour cet homme d’âge très mur ultra macho. Comme c’est une femme qui écrit on se dit au final que cela la regarde, pourquoi pas… D’autre part et plus grave, c’est qu’on reste tout de même dans un niveau  d’analyse et une profondeur de pensée qui reste très banale et quotidienne : le sexe, l’amour, la vie quoi, sont traités sur un ton qui ne dépasse jamais « Question pour un Champion » et au lieu d’un grand roman sentimental, on a plutôt l’impression d’avoir affaire à un gentil téléfilm. Voilà les propos qu’elle tient pour tenter d’auto-justifier cette aventure extra-conjugale : « C’est facile de mourir mais, vivre, c’est une autre paire de manches, alors ça vaut le coup d’essayer. Il s’est montré au grand jour, pensai-je, tu as bien fait de l’accompagner, ça t’a permis d ‘y voir plus clair, il est aussi avide de compliments et d’encouragements que toi d’amour, c’est la vie, que veux-tu, quand on a soif, on reste sur sa soif, on ne peut compter sur personne. » Au mieux on dirait du Djian, au pire, on dirait du Djian.

 

 

Certes Shalev se tient à son histoire et se refuse tout commentaire politico-religieux sur l’atmosphère en Israël. Malgré tout, les histoires qu’elle nous conte s’appesantissent, à l’image des derniers mots du livre, sur le climat de tristesse général qui régit les rapports : ceux avec et entre ses parents, ceux de son amant avec sa femme malade, ceux avec son mari. Si là encore c’est son choix de nous faire croire que la vie est bien terne, encore aurait-il fallu essayer de nous donner quelques pistes pour en comprendre les raisons. On finit, du même coup, par être aussi frustré qu’elle dans ses rapports amoureux…   

 

 

 

 

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