Passe ton Bac d'abord de Maurice Pialat - 1979
Avant tout, une claque dans la gueule de retrouver tous ces petits machins qui ont fait notre enfance/adolescence et qui ont disparu : les t-shirts "Fruit of the Loom", les chansons de Patrick Juvet (j'étais plus Police, moi, mais bon), les papiers peints à losanges orange, et surtout ce poster "WHY ?" avec un soldat qui tombe (why, effectivement).
Ceci dit, Passe ton bac d'abord est un film magnifique, comme de bien entendu. J'avoue que j'en avais un meilleur souvenir, et que c'est peut-être le moins génialissime des Pialat. Mais la direction d'acteurs est encore une fois totalement bluffante, la mise en scène toute en longueurs de plans est extraordinaire, et le tout, bien qu'a priori fort léger, est d'une profondeur qui vous prend petit à petit, par surprise. On est à peu près à l'opposé de La Boum, sur un sujet semblable (les jeunes, leurs conflits avec les adultes, leurs histoires de cul). Les jeunes, pour Pialat, sont certes des atomes d'énergie, mais sont aussi totalement deséspérés, sans but, sans passions, sans amours. Les flirts et plus si affinités semblent être leur seule optique. Là où Pinoteau regardait le tout avec un sourire de pépère vicieux, Pialat pleure sur une adolescence qui a perdu son esprit de rébellion face à la bourgoisie ou au prolétariat. Les adultes sont des cons, ça Maurice le répète à l'envi, mais il se trouve que leurs successeurs vont le devenir aussi. Il reste heureusement quelques petits passages de lumière, quelques morceaux de joie et de vie, mais si ténus qu'on ressort du film triste à mourir. Décidément Pialat est un grand suicidé en puissance. Même quand il tente l'humour, c'est un humour grinçant, froid, noir (un type prend une mémé en chaise roulante pour un caddie de supermarché). Quant à la musique, elle est absolument terrible : un truc fait à l'orgue Bontempi avec un doigt, c'est des coups à ouvrir le gaz. Bref, ce film est glaçant. Un garçon si tendre... si c'est pas malheureux.