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Shangols
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27 mai 2022

Rendez-vous de Juillet (1949) de Jacques Becker

_1949_20rendez_vous_20de_20juillet_20_fra__1_Ce qui est le plus étonnant dans ce film de 1949, c'est qu'il n'a pas vieilli (moins que l'affiche en tout cas). Comme le dit la bande annonce d'une voix cruciale et qui fout les boules : "portrait de la jeunesse méconnue et décriée" dans des "temps âpres et difficiles", Rendez vous de Juillet est avant tout la volonté de montrer "nos amis les jeunes" de l'époque. Et l'on pense aux Cousins, non pas tant, au final, dans le fond car ici on est en pleine bourre optimiste (Daniel Gélin, le héros, passe quand même tout le film à préparer une expédition au Congo pour filmer les pygmées) mais plutôt dans la forme, car 10 ans avant le début de la Nouvelle Vague, il y a une  fraîcheur dans ce film vraiment étonnante.

On suit donc une bande de jeunes qui en chient un peu -le CPE n'existait pas encore- la plupart ayant fait des études artistiques (en ciné et théâtre) mais chacun vivant d'expédients, on joue de la trompette, on répare des postes de TSF. Beaucoup de plans en extérieur dans ce Paris qui semble pas mal se porter, et cela nous vaut une très jolie scène où "nos amis les jeunes" traversent la scène dans une voiture amphibie américaine. Une Amérique dont on sent forcément déjà l'influence avec l'ap1949_20rendez_vous_20de_20juillet_20_foto__2003_1_parition du jazz et de danses très rock'n'roll. Yeah. Mais le discours de Daniel Gélin, figure charismatique de la bande parmi tous ces apprentis acteurs, qui exhorte tout le monde à aller jusqu'au bout de ses ambitions, de ses rêves est le véritable symbole de cette génération : "la plupart de nos aînés sont dans le trou, on ne va pas aussi s'enterrer" ; même si en amour il connaît sa première désillusion (normal il est amoureux d'une blonde, une vraie oie), on sent dans son regard, s'envolant pour l'Afrique, qu'il aura sa revanche - dans La Vie est un long Fleuve Tranquille on verra bien que lui aussi en est revenu.

Prix Louis Delluc en 1949 qui, comme bien souvent, n'est pas volé.  (Shang - 17/03/06)


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Oui, dis donc, tout à fait d'accord avec mon compère pour célébrer la modernité de ce film, qui effectivement n'a pas pris une ride et se laisse regarder comme au premier jour ou presque. Certes, tout ce qui est cours de théâtre ou danses de sapajou a pris quelques rides (mais j'avoue toujours adorer ces scènes où un maître plus ou moins chahuté donne des conseils à des apprentis comédiens plus préoccupés par le minois des jeunes premières que par la grandeur de Racine), mais ça n’empêche pas le film d'être d'une vibrante jeunesse : comme Les Cousins, oui, mais sans le cynisme, puisque Rendez-vous de Juillet montre une fois et un amour complets pour la jeunesse de son temps ; comme Les Tricheurs, mais sans la ringardise, puisqu’il comprend parfaitement cette atmosphère désabusée (on sort de la guerre) et pleine d'espoir ; le truc développe son fil solaire avec un enthousiasme et une énergie réconfortants. A croire que Becker avait anticipé la Nouvelle Vague, tant son film semble rassembler nombre des caractéristiques des futurs Truffaut et Chabrol : tournage en décors naturels, abandon de la trame, acteurs jeunes, et bien "de son temps". Tout y est, mais encore un pied dans le cinéma traditionnel, avec cette photo très travaillée et très glamour ou ces dialogues très écrits.

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En fait, ça pourrait bien être une œuvre de passage : celui entre l'ancienne génération, représentée ici par quelques tenants de la vieille morale d'antan, auxquels les jeunes claquent la porte au nez, et la nouvelle, iconoclaste, débridée, libérée mais non moins futée et préoccupée ; celui entre deux cinémas ("Aujourd’hui on ne fait plus de films en France", déplore un Maurice Ronnet dépité avant... d'être engagé pour en faire un) ; celui entre deux conceptions de la vie, morale vs liberté, labeur vs épanouissement de soi. Le film doit autant aux vieux qu'aux jeunes, regardant tout le monde avec tendresse et humanisme. Comme c'est en plus souvent drôle et enlevé (les scènes de fête, très réussies), l'impression qui reste est celle d'une traversée en quatrième vitesse d'un état de la jeunesse dans l'immédiat après-guerre, traversée qui a tout de la récréation aérée et joyeuse. Charme et bonheur.   (Gols - 27/05/22)

Commentaires
G
Tout à fait d'accord pour dire que ce film est très joli, léger, beau, lumineux et nécessaire. En plus, ça nous fait des films à ranger dans la lettre "R". Il faut de toute urgence voir des films qui commencent par "O" et "X" (je propose On ira tous au paradis et XXX) sinon ça fait un moche trou dans la table des Matières.
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