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16 mars 2006

Comizi d'Amore de Pier Paolo Pasolini - 1964

lovemeetings13Voilà encore un cinéaste que j'adule. Pasolini attrape sa caméra légère, son pull marin (j'ai le même, mais je sais pas pourquoi, j'ai pas sa classe), et sillonne l'Italie pour dresser un portrait de la sexualité vue par ses compatriotes. Ca pourrait donner un film bien-pensant et fade, mais c'est du Pasolini, alors c'est forcément provocateur, engagé, politique, casse-gueule et poétique. Il faut voir avec quelle insistance il pose ses questions gênantes aux gens : "Que pensez-vous des anomalies sexuelles ?"; "Les femmes sont-elles inférieures aux hommes ?"; "Etes-vous pour les maisons closes ?" ; "Une femme doit-elle être vierge au jour de son mariage ?". On est en 64, et les réponses laissent rêveur, on bénit le ciel d'être né dans les années 70, de pouvoir prononcer le mot "préservatif" sans être censuré (c'est le cas dans le film, qui est souvent coupé par une "Autocensurado" qui ne cache absolument rien), et surtout de ne pas être une femme.

Pasolini va fouiller au plus profond, essayant de dégager des différences d'approche entre Sud et Nord, entre bourgeois et prolos, entre marxistes et fascistes, entre jeunes et vieux... Son enquête, et c'est en cela qu'elle est très émouvante, est partiale comme c'est pas permis : de nos jours, on aurait hurlé au scandale en voyant ces honteux re-montages d'images, ces sons réenregistrés, cette subjectivité dans le choix de ses interlocuteurs. Mais il faut bien reconnaître qu'en découvrant la poésie et le style qui se dégagent de ce film, on en vient à emmerder bien profond les censeurs d'aujourd'hui. D'ailleurs, Pasolini reconnaît lui-même les faiblesses éthiques de son film, en se faisant critiquer par un Moravia intellectuellissime. Comizi d'Amore est rempli de vie, en déborde même, grâce à des plans saturés de visages, de physionomies, de caractères, et de voix. Rempli aussi de révolte, puisqu'on sent bien que le pépère veut trouver dans les yeux de ses contemporains une reconnaissance de son homosexualité ; mais peine perdue, pauvre Pier Paolo, les gens sont bien trop obtus et figés.

Un type qui termine son film par cette phrase : "Que votre amour se double de la conscience de votre amour", on ne peut que l'aimer, non ?

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