Andrei Rublev (1969) d'Andrei Tarkovski
L'intérêt de ce blog n'étant pas de faire une thèse sur les films, cela m'arrange plutôt bien.
Ce qui sépare Tarkovski de Sarkozy, c'est qu'ici tout est pensé, réfléchi, artistique, profondément humain, magique, réel, intelligent, profond. Il est clair que ce film mérite plusieurs visions, proposant par couche successive une réflexion sur le rôle de l'artiste, sur l'histoire russe, l'âme russe (oserai-je), le doute, la création... et tous les trucs qui m'échappent...
Ce que nous propose ce film c'est avant tout un voyage dans le temps pour reprendre un titre du maître: on est au XVème siècle tout simplement. Si dans Nostalghia on avait droit à l'une des plus belles photos couleurs de monde, ici c'est peut-être l'un des plus transcendants noir et blanc. De l'introduction avec cette scène démoniaque d'un homme qui s'envole dans les airs, en passant par cette séquence surréaliste de fête payenne où tout le monde se jette nu dans une rivière, l'invasion tartare (la chute du cheval dans l'escalier m'a laissé pantois) jusqu'à cette ultime séquence en noir et blanc où l'on apprend tout sur la fabrication d'une cloche (si ça peut servir, on sait jamais) avant de conclure sur l'oeuvre de Roublev en couleur, on assiste à toutes les émotions que peut ressentir un artiste: sa passion, son refus d'illustrer "Le Jugement Dernier" dans lequel il ne voit que haine pour l'humanité, ses désillusions (devant tuer un homme pour protéger une femme, il fait voeu par le suite de mutisme aussi bien en parole qu'en acte (refus de peindre), sa redemption (en aidant à la fameuse création de la cloche par un jeune artiste) qui lui fera accomplir son chef-d'oeuvre illustré à la fin du film.
Le Tarko, quand même, il en enfonce plus d'un.