Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 mars 2006

Moolaadé (2005) d'Ousmane Sembene

moolaade_1_1Quand on voit toute la thune engloutie dans des merdes américaines alors que le cinéma africain se meurt... Oh, je sais, je vais pas vous faire le coup de la pitié, n'empêche que Moolaadé est un grand film, qu'il n'a pas plus de chance de passer sur la 2 à 20h30 qu'Isabelle Giordano de se faire exciser, et c'est bien dommage (qu'il ne passe pas en prime time, soyons clair).

Moolaadé possède un sujet fort -certes l'excision c'est pas la fête du slip- mais il est traité sans voyeurisme, avec pudeur, intelligence et dignité. Sembene ne tombe jamais dans le manichéisme stupide, laissant chacun, religieux, chef du village et surtout, grand Dieu, les femmes exprimer son point de vue. L'image -et ça franchement c'est un vrai bonheur car rien de plus mortel qu'un film africain sombre - est d'une luminosité d'une beauté totale. C'est excellemment bien filmé, bien écrit, putain c'est beau!

La scène où le mari bat sa femme devant le reste du village (elle a pris sous sa "protection magique"  ("Moolaadé") 4 fillettes du village refusant de se faire exciser, et le chef du village demande à son mari de la fouetter jusqu'à ce qu'elle révoque ce sort) la moitié des femmes l'encourageant à tenir, l'autre moitié restant muette au nom de la tradition (ainsi que les hommes d'ailleurs), cette scène, donc, fmoolaade1_1_erait pleurer un cactus. Moi-même qui suis resté de marbre de Brokeback Mountain à la mort de Nat dans Six feet Under, sans parler de Camille Claudel (...), là, dès que j'ai perçu un soupçon de larme dans les yeux d'une petite fille noire, j'ai craqué comme une pomme trop mûre - j'avoue, c'est ma grande faiblesse et je serais bien incapable de vous dire pourquoi.

Dieu soit loué, ce n'est pas un "petit film d'Art et Essai" africain, c'est l'un des très grands films de l'an dernier. Mais si l'ironie est un art qui échappe à la 2, toutes les subtilités du 7ème dépasse la Giordano. Le service public est aussi vain que l'était le service militaire.

Commentaires
Derniers commentaires