La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah - 1969
Pourquoi Robert Ryan est-il pratiquement oublié ? La même classe que Gary Cooper, une tristesse à la James Stewart, le même froncement de sourcils qu'Eastwood (qui lui a tout piqué), et une filmographie impressionnante... Non, vraiment, le monde est injuste.
Ceci dit, The Wild Bunch de Sam Peckinpah, même s'il y est excellent, n'est pas son meilleur film. Point positif : les scènes d'action pures sont bien, même si je ne suis pas convaincu que monter 8467 plans en une seconde (estimation personnelle) soit le meilleur moyen de filmer la violence (j'en veux pour preuve les Kill Bill). J'admets que la demie-heure centrale (l'attaque du train) touche au génie, et que le dernier quart-d'heure (une tuerie totale, 6325 morts, estimation personnelle) est assez impressionnant. J'admets que les cascadeurs font bien leur taf, que les chevaux tombent bien sur les scotchs, que le staff technique a disposé judicieusement les explosifs, et qu'ils ne sont pas rats sur le ketchup.
Mais, point négatif: entre ces plans, on a un truc qui ne dépasse pas beaucoup la vieille série des Zorro qu'on se tapait mollement en bouffant des Carambar durant notre enfance provinciale. Arrêtez-moi si je me trompe, mais Peckinpah n'a pas d'idée quand il s'agit de filmer les moments creux. John Ford est mort trop tôt.
Alors on me dira : "Oui, mais non. Peckinpah joue sur les codes du western. Et pis d'abord c'est pas un western, c'est un western crépusculaire". Ce à quoi je rétorque véhémentement : d'abord on dit s'il vous plaît; ensuite le western crépusculaire est un genre né avec les premiers Ford (encore lui, justement), c'est-à-dire avec le western, il suffit d'avoir le courage de se taper Judge Priest (1934) pour s'en assurer, c'est gavant de se l'entendre répéter à chaque fois qu'un western ne tient pas ses promesses; et pour finir, petit con, les codes du western y sont, certes, mais en quoi les transcende-t-il pour en faire un jeu de références ?
C'est pas un mauvais moment, je l'admets, c'est même assez marrant, et puis il y a Robert Ryan (je suis lourd ?). Mais bon, mieux vaut, pour rigoler, se retaper les Leone.
Ou voir Men in War d'Anthony Mann avec Robert Ryan.