Le Chant du Danube (Waltzes from Vienna) d'Alfred Hitchcock - 1933

Quoiqu'en dise le père Alfred Hitchcock dans la Bible (le Hitchcock-Truffaut), Waltzes from Vienna n'est pas du tout son plus mauvais film. Qu'il se fasse projeter Juno and the Paycock, The Farmer's Wife ou The Skin Game sur les murs de son caveau pour s'en convaincre. Non non: il y a là-dedans 2 ou 3 minuscules idées plutôt sympathiques, et qui ressemblent bien à du Hitch : un montage parallèle (cf Strangers on a train) très joli sur une scène musicale rondement menée, des gags purement hitchcockiens c'est-à-dire poétiques (un gars qui sauve de l'incendie de sa boutique 2 fleurs et un gateau), la volonté tout à fait louable de faire une comédie musicale sans musique; le premier plan, un système de transparences et de maquettes à la con qui a fait la gloire du maître (Number Seventeen, A lady vanishes). Et surtout l'ensemble du projet, dont je ne vois d'autre exemple que dans le culte-pour-moi Trois places pour le 26 de Demy: faire un biopic romancé, raconter la vie d'un personnage réel (en l'occurence Strauss) en l'inventant totalement.

Alors bien sûr, Strauss n'a peut-être pas composé le Danube Bleu en étudiant la fabrication des croissants (qui osera prétendre que cette scène n'est pas la même que dans Dancer in the Dark?), son père ne portait peut-être pas ce costume ridicule (il faudra un jour réhabiliter Edmund Gwenn, qui a tourné 3 fois avec Hitch sans en récolter aucune gloire); bien sûr il manque 30 minutes au film (perdues), ce qui fait que le scénar reste assez brumeux ; d'accord c'est très mal joué ; d'accord ça ressemble pas aux sujets d'Hitchcock habituellement ; d'accord la musique est infâmement mal jouée, d'accord d'accord... Mais...

... Mais le fait est qu'on s'en tape complet, et que le film est joli parce que fantaisiste et unique dans la carrière de Bouddha euh de Hitchcock.

Non, un vrai bon moment, sans déconner.

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